Exposition du 16 Mai au 8 Juin 2014 aux Ateliers du Vent, Ă Rennes, France.
Faire de son mieux est un grand projet de consolidation. Au milieu du chantier de rĂ©amĂ©nagement du quartier Cleunay- La Courrouze, des immeubles tous neufs fraichement dĂ©moulĂ©s, lâancienne usine qui accueille Les Ateliers du Vent (collectif dâartistes pluridisciplinaire Ă Rennes) semble un peu dĂ©fraĂźchie. Pourtant les choses les plus novatrices du quartier continuent de sortir dâici. Je viens consolider le bĂątiment en lâĂ©tayant Ă lâaide de poteaux et colonnes qui se dĂ©ploient Ă l’intĂ©rieur mais aussi autour de la bĂątisse. Ces Ă©lĂ©ments de consolidation sont rĂ©alisĂ©s en carton, pour jouer du paradoxe et renvoyer un double sentiment assez troublant de soliditĂ© et de fragilitĂ©.
Lâinstallation jalonne le parcours de lâexposition avec, Ă l’extĂ©rieur, une sĂ©rie de grands Ă©tais qui sâĂ©croule doucement sous les intempĂ©ries en mĂȘme temps quâelle fait preuve dâendurance pour retenir les murs et fenĂȘtres du bĂątiment. En entrant dans lâexposition, un ensemble de sept Ă©tais sâacharne Ă retenir le mur qui fait face aux travaux dans un mouvement de rĂ©sistance face aux grandes constructions qui gagnent du terrain. Puis, dans les diffĂ©rentes salles, des poteaux verticaux soutiennent le plafond et commencent, malgrĂ© lâobstination, Ă plier doucement sous son poids. Est-ce le signe dâun flĂ©chissement ou dâune tĂ©nacitĂ©?
SĂ©rie d’Ă©tais rĂ©alisĂ©s en carton, installĂ©e sur les façades ouest du bĂątiment:
SĂ©rie d’Ă©tais de renforcement du mur sud du bĂątiment, face aux nouvelles constructions du quartier Cleunay:
Série de colonnes installée dans tout le bùtiment pour soutenir le plafond:
« Quelles sont nos ruines ? » est un projet de collaboration pluridisciplinaire entre artistes, portĂ© par le collectif Les Ateliers du Vent (Rennes, France) et dirigĂ© par Alain HĂ©lou. Le projet se dĂ©roule entre janvier 2013 et juin 2014. Il associe des artistes de nationalitĂ©s diffĂ©rentes (Russes, Moldaves, Français) autour dâune problĂ©matique commune â celle des ruines.
Le projet repose sur un principe de coopĂ©ration. LâidĂ©e est de rassembler des artistes et de travailler Ă la mise en oeuvre de projets qui impliquent la collaboration dâau moins un autre artiste. En outre, plusieurs oeuvres ont un caractĂšre participatif et font appel Ă des tĂ©moignages recueillis selon divers protocoles (interview, appel Ă commentaires sur des blogs, collecte de petits objets etc .).
« Quelles sont nos ruines ? » affirme lâimportance de lâapproche pluridisciplinaire comme source de renouvellement crĂ©atif. Il fait travailler ensemble des musiciens, des artistes visuels, des auteurs, des performeurs, des chercheursâŠ
Il revendique le long terme contre la dictature du court terme qui structure nos sociétés et nos activités. Il met en avant le processus plutÎt que le produit. Il esquisse un modÚle de coopération durable entre plusieurs structures et artistes russes, moldaves et français.
Un site Internet présente les artistes et les projets : quellessontnosruines.org
Jâai entamĂ© ma recherche autour de la question des ruines pendant le workshop Ă Moscou en Janvier 2013. La ville Ă©tait sous la neige et jâavais le sentiment de ne la dĂ©couvrir que partiellement, comme si on me cachait quelque chose. Voir Moscou comme une grande page blanche rĂ©sonnait avec la question des ruines : la ville Ă©tait cachĂ©e, je pouvais imaginer tout un tas de chose en bĂ©nĂ©ficiant dâun Ćil neuf. On est dans une Ă©poque de grands changements oĂč on essaie de nous faire peur avec des catastrophes annoncĂ©es, comme par exemple le rĂ©chauffement climatique. LâidĂ©e de changement me plaĂźt, lâidĂ©e dâune pĂ©riode incertaine ou finalement tout bouge et oĂč tout est possible pour chacun. La question des ruines me porte vers un futur. Ma conclusion du workshop Ă Moscou a pris la forme dâune installation lumineuse sous forme de question : « La neige a tout recouvert, elle fondra, que souhaitez-vous voir disparaĂźtre avec elle et que souhaitez-vous voir rĂ©apparaĂźtre et surgir ? » Jâai reçu beaucoup de rĂ©ponses Ă ces questions et jâai pris le temps dây rĂ©flĂ©chir. Aujourdâhui Ă Rennes, dans le contexte des Ateliers du vent, dans ce quartier en mutation, au milieu des grues et des immeubles fraĂźchement dĂ©moulĂ©es, câest lâidĂ©e de chantier qui sâest imposĂ©e et que jâai dĂ©cidĂ© de travailler. Je rĂ©alise des poteaux en carton pour Ă©tayer le bĂątiment. Il sâagit de le consolider pour quâil conserve sa position, avec un matĂ©riau qui donne un sentiment assez troublant, de soliditĂ© et de fragilitĂ©.
Pendant le workshop Quelles sont nos ruines? du 15 Avril au 15 Mai 2014 aux Ateliers du Vent, Ă Rennes:
Moscou, Janvier 2013:
photos 4, 5 et 6 de François Doré
photos 1, 2, 3 et 18 Ă 21 de Vadim Hincu
photos 13 et 14 d’Estelle Chaigne
photos 7 Ă 12, 15 Ă 17, 22 et 23 de Sophie Cardin